Interview de Deny Leclerc

Bonjour Deny, est-ce que tu pourrais te présenter ?

J’ai commencé par un cursus classique aux Beaux Arts où j’animais l’atelier audiovisuel. J’étais déjà un passionné de vidéo. En 2002, avec un DNSEP en poche, j’ai continué sur ma lancée. J’ai développé ma pratique plastique en multipliant les projets.

J’ai par exemple travaillé en binôme avec un compositeur italien, Gualtiero Dazzi . On faisait jouer des musiciens et on modifiait le son en live. De mon côté j’avais préparé un dispositif scénographique dans lequel un triptyque vidéos enrobait les spectateurs. Ces projets ont été présentés au centre d’arts modernes et contemporains de Strasbourg, à Bâle et à Karlsruhe.

Un autre binôme a bien fonctionné également : avec mon ancien prof des Beaux Arts. Si bien qu’un de nos projets a été acheté par le Fond National d’Art Contemporain.

J’ai commencé à utiliser After Effects en 1999. Une amie me l’avait conseillé et par le biais d’un manuel, j’ai maîtrisé le logiciel en une semaine. Cela m’a passionné. J’ai donc travaillé quelques temps pour pouvoir mettre assez d’argent de côté et m’offrir une machine personnelle plus puissante. J’ai ensuite travaillé avec After pour des boîtes de productions mais aussi sur des projets de plasticiens. J’ai par exemple fait la simulation 3d d’un projet d’aménagement rue du Calvaire à Nantes. Mon travail était de montrer le rendu du projet dans la vraie vie et il a été retenu. J’en ai géré tous les aspects graphiques (impression numérique de 8m par 24m) et c’est ce qu’on retrouve aujourd’hui dans la rue du Calvaire.

After m’a permis de renouer avec le dessin d’architecture. C’est une discipline qui m’a toujours intéressé. J’ai eu la chance de travailler avec quelques architectes et l’un d’entre-eux m’a demandé de réaliser une vidéo en 3d des plans d’aménagement qu’il avait pu réaliser sur un centre de secours à Nantes également.

C’est ce qui m’a amené à devenir intervenant à l’école d’architecture de Nantes. J’y ai enseigné pendant deux ans. La première année était focalisée sur l’apprentissage des techniques de vidéo. L’objectif était de montrer comment les étudiants pouvaient se servir de ce média pour appréhender l’espace urbain. En l’occurrence, un cas d’étude concernait le relais tram-train de Pont Rousseau à Rezé.

L’année suivante, avec ces mêmes étudiants, nous nous sommes intéressés à la problématique vectorielle en architecture. L’idée était de leur apprendre à se réapproprier leurs propositions architecturales dessinées sur AutoCAD avec Illustrator, sur des formats assez importants de 1m par 5m. Les travaux des étudiants se sont avérés très innovants !

En parallèle de tous ces projets, je réalisais des commandes en motion design, en print et en web. Enfin, j’ai commencé à faire de la formation en 2006 sur les logiciels Adobe pour pouvoir arrondir mes fins de mois avant d’arriver chez Dawan en 2010. C’est à ce moment là que j’ai commencé réellement à m’intéresser à mon logiciel de prédilection : Blender.

Tu pourrais nous en dire plus sur Blender ?

 

Blender est un logiciel de modélisation et d’animation 3d libre et puissant. Il permet de couvrir de nombreux champs en graphisme : architecture, design d’objets, motion design, post production vidéo...

J’ai commencé avec la version 2.49 rapidement détrônée par la version 2.50 qui a changé entièrement l’interface graphique. Ça m’a littéralement piqué au vif. Depuis lors, je consacre environ 20 heures à Blender chaque semaine. C’était devenu une passion.

Sur Photoshop et Illustrator, j’étais bloqué dans ma pratique. Sur After Effects, je pouvais travailler uniquement en 3d surfacique ; Blender m’a permis de m’ouvrir à d’autres choses. Ça a complètement bouleversé ma pratique. Aujourd’hui 90 % de mon travail de graphiste passe par Blender. Photoshop, je ne m’en sers quasiment plus.

La grande force de Blender est d’être Open Source. De ce fait, son développement est constant. De plus, la communauté est particulièrement active et dévouée. Des add-ons sont mis à disposition, des matériaux, toutes sortes de ressources... Le développement Open Source a permis a Blender de devenir particulièrement souple et protéiforme. Tous ces efforts sont visibles aujourd’hui et cela porte ses fruits. De gros Mastodontes comme Pixar mettent à disposition leurs outils de rendu en ligne pour Blender. Au prochain Google Summer of Code, une dizaine de projets liés au développement de Blender sont retenus.

Il est donc Open Source et n’a pas à pâlir face à la concurrence. 3DS Max, pour ne parler que de lui, est très onéreux et c’est une véritable usine à gaz. Je forme aujourd’hui pas mal de personnes qui souhaitent passer de 3dsMax ou Maya à Blender. La transversalité de Blender permet de récupérer des fichiers AutoCAD, des modèles Revit et de les travailler comme dans les logicels Autodesk. Les utilisateurs de Zbrush quant à eux, trouvent dans Blender un Scult mode vraiment performant.

Il est aujourd’hui possible de faire un rendu de travail vraiment professionnel avec Blender. L’Open Source gagne du terrain sur le propriétaire et des écoles font même le pari du tout Open Source comme à l’Université Paris 8. The Gimp et Krita remplacent aisément Photoshop, After est détrôné par Natron, Open Street Map remplace Goole Maps et Blender, 3DSMAX et Maya. Il n’y a qu’à voir les derniers films réalisés avec Blender pour finir d’être convaincus : Big Buck Bunny pour la gestion des particules, Tears of Steel pour l’intégration de 3d dans la vidéo, ou encore Cosmos Laudraumat pour la qualité de rendu. Les outils de post productions sur Blender sont extrêmement poussés.

Le dernier moteur de rendu cycles est si performant qu’il est implémenté aujourd’hui dans d’autres logiciels comme Rhinoceros ou Poser.

Il est possible de suivre un cursus Blender adapté à ses besoins. Il y a une première semaine de formation dédiée à l’apprentissage des bases du logiciel. Maillage 3D, modificateurs, matériaux, nodes tout y passe. Un peu de théorie et beaucoup de pratique. On démarre en observant les matériaux autour de nous : les tables, les chaises, les écrans, les souris, comment ils interagissent avec la lumière... On modélise un écran plat pour comprendre comment une image peut devenir de la lumière, on va ensuite réaliser des meubles. On fait un fauteuil LC2 de Le Corbusier par exemple ! Ensuite, on va intégrer cela dans une scène d’intérieur avec canapé, banquette, table basse, verres, ouverture vers l’extérieur.

Une fois ces bases appréhendées, on peut aller plus loin avec Blender en fonction de ses besoins professionnels. Et là, c’est très différent selon des profils. Blender propose beaucoup d’outils répondant à des problématiques bien diverses.

J’ai formé par exemple deux personnes du Puy du Fou sur un cursus de 3 semaines. Leur projet était de montrer les dernières innovations du parc via des animations 3d. Il a fallu comprendre comment se réapproprier un modèle Revit ou un DWG pour pouvoir en tirer profit sur Blender. J’ai également formé un directeur artistique senior de Publicis. Il utilisait déjà du blend pour ses visuels mais nous avons pu aller plus loin. Ou encore un technicien de PSA qui souhaitait montrer en animation le montage et le fonctionnement des robots sur une chaîne de production.

Chaque formation d’approfondissement permet de découvrir une nouvelle nuance de la palette de couleurs que propose Blender.

 

Pour en savoir plus sur nos formations pour les graphistes :
- nos formations PAO
- nos formations 3D/DAO
- nos formations Audiovisuel